2003-2004

Llicenciatura en Traducció i Interpretació (3341)


Metodologia de la Traducció C-A (Francès-Català) I (12902) 


Professors: Albert Ribas i Glòria Roset 

PRÉSENTATION DU COURS :

Sous la dénomination langue de bois on inclut une série de phénomènes de nature lexicale, syntaxique, sémantique et stylistique du français contemporain qui sont en train d’envahir le langage de la presse, de la télévision et le discours politique, entre autres. L’expression « langue de bois », bien qu’elle ne soit pas tout à fait satisfaisante du point de vue linguistique, souligne surtout son caractère figé et répétitif.

Ces habitudes langagières, que le français contemporain partage avec bien d’autres langues, ont une étendue translinguistique et transculturelle, ce qui les rend particulièrement intéressantes du point de vue de la traduction. Il faut tout de même préciser que, entre une langue et une autre, ces singularités de la communication verbale ne sont toujours pas coïncidentes et, leur portée est différente et, surtout, elles sont désignées de manière dissemblable.

OBJECTIF :

Notre objectif n’est pas celui de faire une description stricto sensu de la langue de bois mais d’en retenir et d’en souligner les traits qui présentent un intérêt certain pour la traduction du français en espagnol.

Pour ce faire, il y aura a) une présentation théorique du problème, b) un choix des phénomènes à traiter en fonction de leur intérêt traductologique, c) une analyse et une interprétation de microtextes ciblés représentatifs de ces mêmes phénomènes, d) la traduction argumentée de ces microtextes comme préparation à e) la traduction de textes plus longs où les différents phénomènes apparaissent de façon aléatoire.

Le but final est que l’étudiant soit capable d’identifier certains traits de la langue de bois du français contemporain et de résoudre le problème de leur traduction en espagnol.

DÉROULEMENT DU COURS :

Lors des séances théoriques (20 heures) aura lieu a) la présentation théorique du problème, b) la justification des choix de phénomènes à traiter et c) l’analyse et l’interprétation de microtextes ciblés représentatifs de ces mêmes phénomènes.

Lors des séances pratiques (20 heures pour la traduction de français en espagnol —A. Ribas— et 20 heures pour la traduction de français en catalan —G. Roset—) aura lieu a) la traduction de microtextes, analysés et interprétés lors des séances théoriques, ainsi que b) la traduction de textes plus longs où les différents phénomènes apparaissent de façon aléatoire.

SUJETS TRAITÉS :

  1. La langue de bois : origines de la détection du phénomène et traits définitoires ; Georges Orwell, « Politics and the English Language » ( Horizon, nº 76, 1946) ; « dying metaphors », « operators verbal false limbs », « pretentious diction » et « meanigless words » ; langue de bois et discours politique (Newspeak —Novlangue, Neolengua—).
  2. « […] The writer either has a meaning and cannot express it, or he inadvertently says something else, or he is almost indifferent as to whether his words mean anything or not. This mixture of vagueness and sheer incompetence is the most marked characteristic of modern English prose, and especially of any kind of political writing. As soon as certain topics are raised, the concrete melts into the abstract and no one seems able to think of turn of speech that are not hackneyed: prose consists less and less of words chosen for the sake of their meaning, and more and more of phrases tacked together like the sections of a prefabricated hen-house." (Orwell, 1946).

    Selon Le Petit Robert électronique : ( Langue de bois : langage figé de la propagande politique; par ext. façon de s'exprimer qui abonde en formules figées et en stéréotypes non compromettants (opposé à franc-parler ).

  3. "Dying metaphors" : "[…] there is huge of dump of worn-out metaphors which have lost all evocative power and are merely used because they save people the trouble of inventing phrases for themselves. […] Many of these are used without knowledge of their meaning […], and incompatible metaphors are frequently mixed, a sure sign that the writer is not interested in what he is saying. Some metaphors now current have been twisted out of their original meaning without those who use them even being aware of the fact" (Orwell, 1946).
  4. Le cliché (locution imagée toute faite trop souvent utilisée). Selon Burnier et Rambaud ( Le journalisme sans peine, París, Plon, 1997) voici les indices pour les repérer : 1) fréquence d’usage, 2) caractère actuel, éphémère et inattendu, 3) imprécision sémantique y 4) impropriété.

    (Brunet, 1996) :

    Clichés culinaires : la cerise sur le gâteau, mettre les bouchées doubles, la mayonnaise prend, le soufflé retombe ;

    Clichés militaires : dans le collimateur, monter au créneau, une levée de boucliers, rectifier le tir, les verrous sautent ;

    Clichés domestiques : balayer devant sa porte, jeter le bébé avec l’eau du bain, enfoncer le clou, remettre les pendules à l’heure, renverser la vapeur ;

    Clichés musicaux : mettre un bémol, c’est du pipeau, même son de cloche ;

    Clichés littéraires : le pavé dans la mare, la peau de chagrin ;

    Clichés signalétiques : donner le feu vert, franchir la ligne jaune ;

    Clichés religieux : prendre son bâton de pèlerin, une pierre dans le jardin ;

    Etc.

  5. "Operators verbal false limbs": "These save the trouble of picking out appropriate verbs and nouns, and at the same time pad each sentence with extra syllables which give it an appearance of symmetry. […] The keynote is the elimination of simple verbs. […] Simple conjunctions and prepositions are replaced by such phrases as "with respect to", "having regard to", "the fact that", "by dint of", "in view of", "in the interest of", "on the hypothesis that"; ant the ends of sentences are saved from anticlimax by such resounding common-places as "greatly to be desired", "cannot be left out of account", "a development to be expected in the near future", "deserving of serious consideration", "brought to a satisfactory conclusion", and so on and so forth." (Orwell, 1946)
  6. Etoffements répétitifs et periphrases innécessaires qui deviennent des tics : dans le cadre de, au niveau de, dans la logique de, en clair, etc.

  7. "Pretentious diction": "Words like […] are used to dressed up simple statement and give an air of scientific impartiality to biased judgements. Adjectives like […] are used to dignify the sordid processes of international politics […] Foreign words and expressions such as […] are used to give an air of culture and elegance. […] Bad writers, and specially scientific, political and sociological writers, are nearly always haunted by the notion that Latin or Greek words are grander than Saxon ones […] The result, in general, is an increase in slovenliness and vagueness." (Orwell, 1946)
  8. Les "élégances" morphologiques, lexicales et syntaxiques.

    Les anglicismes.

    Les mots savants déplacés.

    Les jargons spécialisés.

    L’hermétisme intello.

    Les mots qui affichent l’appartenance à un groupe (social ou idéologique).

  9. "Meaningless words" : "In certain kinds of writing, particularly in art criticism and literary criticism, it is normal to come across long passages which are almost completely lacking in meaning. […] Many political words are similarly abused. The word Fascism has now no meaning in except in so far it signifies "something not desirable". […] Words of this kind are often used in a consciously dishonest way. That is, the person who uses them has his own private definition, but allows his hearer to think he means something quite different." (Orwell, 1946)
  10. Les mots fourre-tout qui finissent pour ne plus avoir de signification précise : approche, cible, convivialité, dérapage/dérive, enjeu, fracture, gérer, musclé, performance, proximité, surenchère, profil bas, etc.

  11. Langue de bois et discours politique (Newspeak —Novlangue, Neolengua—).
  12. Langage politiquement correcte et euphémisation : SDF, sans abri, reconduire à la frontière, plan social d’accompagnement, etc.

  13. Buts de la langue de bois : «[…] modern writing at its worst does not consist in kpicking out words for the sake of their meaning and inventing images in order to make the meaning clearer. It consists in gumming together long strips of words which have already been set in order by someone else, and making the results presentable by sheer humbug. The attraction of this way of writing is that it is easy. It is easier — even quicker, once you have the habit — to say In my opinion it is a not unjustifiable assumption that than to say I think. If you use ready-made phrases, you not only don’t have to hunt about the words; you also don’t have to bother with the rhythms of your sentences, since these phrases are generally so arranged as to be more or less euphonious. […] By using stale metaphors, similes and idioms, you save much mental effort, at the cost of leaving your meaning vague, not only for your reader but for yourself." (Orwell, 1946)

EVALUATION:

  1. Une examen du cours théorique qui consistera à identifier et classifier dans un texte français les traits de la langue de bois qui y figurent et à commenter les difficultés prévisibles de traduction qu’ils présentent. 
  2. Traduction dans la combinaison linguistique de l’étudiant (français-espagnol ou français-catalan) d’un texte français.
La note finale sera la moyenne des deux.

BIBLIOGRAPHIE RECOMMANDÉE :

BRUNET, Sylvie : Les mots de la fin du siècle, Paris, Belin, 1996.

BURNIER, Michel-Antoine et Patrick RAMBAUD : Le journalisme sans peine, Paris, Plon, 1997.

GUDIN, Claude : La langue de bois, Lausanne, L’Age d’homme, 1996.

ORWELL, George : "Politics and English Language" in Inside the Whale and Other Essays, Harmondsworth, Penguin Books, 1960.

MERCURY, Thérèse: Petit lexique de la langue de bois: de quelques concepts et faux repères, Paris, L’Harmatan, 2000.

Darrera actualització 24-11-2010
© Universitat Pompeu Fabra, Barcelona