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Autor: Cónsul
general de España en Shanghai |
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Localización y
transcripción: David Martínez Robles |
Consulado de España en
Shang-hay
Direction Politique
Shanghai le
24 Novembre 1866
Monsieur
le Ministre,
Ly-hong.tchang
bien connu des Européens residant en chine, sous le nom de Ly Toutai
c'est-à-dire de Governeur Ly, est en ce moment absent de Nankin qui est sa
résidence actuelle pendant qu'il remplit intérimairement les fonctions de
Governeur général ou Vice Roi au Kiang-nan. Il s'est transporté avec l'élite de
ses troupes à 73 lienes de Nankin dans la ville de "Shin-tchoou" d'ou
il traite toujours par dépéches, malgrés son éloignement de l'ancienne capitale
de la chine, les affaires importantes qui'rentrent dans ses attribution
intérimaires, mai sans s'occuper des détails de l'administration du Kiang-nan
dont il a chargé à sa place quelques Mandarins.
La ville de "Shin tchoou", où
il réside ainsi sepuis plus d'un mois, est située au N. O. du Kiang-sou sur la
rive droite de l'ancien lit du fleuve Jaune, non loin du Canal Impérial et dans
cet intervalle de 15 ou 20 lienes qui appartient aux deux provinces du
Kiang-sou et du Honan et sépare les deux provinces du Chann-tong et du
Ngan-hoeï. Ce qui'se passe auprès d'elle dans ces quatre derniéres provinces
est ce qui a déterminé le déplacement de Ly Toutai.
Il s'agit en effet de nouveause
désordres que des rumeurs contradictoires représentent tantot comme une vaste
rébellion et tantot comme un trouble local de courte durée. Ils donnent
d'ailleurs naissance à des bruits de victoires et défaites déja remportées ou
suportées par les armes Impériales. Dans de pareilles circonstances, à cet
éloignement du théatre de la lutte, et avee l'insuffisance des informations
qu'on possède sur les événements de l'intérieur, il serait difficile de
découvrir la véritable origine de ce mouvement, de discerner les éléments qui
s'y mêlent, d'aprecevoir en fin sa portée et son but. Ceux qui y participent
sont désignés dans le langage offcial sous le nom de Nien-fei ou de pillards,
désignation choisie à dessein suivant quelques personnes, pour donner le change
sur son véritable caractére. A les entendre, en effet, ce mouvement ne serait
que la continuation de l'insurrection des Tchang-mao ou hommes à longs cheveux,
dont la destruction totale avait été pompeusement annoncée á l'Empereur par
certains Mandarins interessés maintenant à dissimuler ce fait. D'autres
prétendent au contraire qu'il a une origine encore plus ancienne et recontent à
ce sujet qu'il y avait dans le Chann-tond depuis plus de 200 ans des gens
independants vivant sur le haut de leurs collines, comme les miaotzeu du
Kouei-tchoou sur leurs montagnes et descendant le temps á autre dans les
plaines pour y faire des razzia. Ces bandes là, selon auz se seraient
augmentées de nombreuses recrues venues de diverses provinces à la siute de
mécontentement privés. Elles auraient été ralliées, après l'exécution de
"Cheun-pao" ou la mort de "San-ko-lin-tsin" par d'anciens
compagnons d'armes de ces grands chefs Imperiaus, et se seraient encore
fortifiées des restes de la rebellion de "Pae-lien-kiao" (secte du
nenuphar blanc) on dit assez généralement enfin que des mahométans partis du
"Chenn-si" province N. O. de la chine ont gagné le
"Chann-tong" en se répandant dans le "Ho-nan", le Ngan.hoeï
et la partie Nord du "Kiang-sou" et que toutes ces forces réunies de
pillards ou de rebelles ont pour plan de campagne de marcher d'abord sur le
nord de la Chine et ensuite dur le sud.
Pendant que Ly Toutai s'est établi á
"Shin-tchoou", Tseng-kouo-fann, le titulaire du poste de Vice-Roi à
Nankin qui remplit actuillement les fonctions de Généralissime des armées
Impériales s'est transporté lui-méme á "Tsao-tsao-fou", dans le Sud
du "Chann-tong". Ces deux hauts Mandarins se trouvent ainsi
repprochés l'un de l'autre et poursuivent le même but. Le premier d'entre eux
doit sa fortune au second; c'est en effet sur sa proposition qu'il il fut nommé
Toutai du "Kiang-sou" dans un moment òu il n'etait encore que Taotai
Surnumémaire à Pékin. Il vint alors à Shanghaï quelques mois avant la mort de
l'Amiral Prootét et avec l'aide de Européens, chassa les rebelles de la
province dont il venait d'étre nommé Gouverneur. C'est encore au méme
protecteur qu'il doit son titre de Gouverneur général du "Kiang-nan",
titre qui n'a pu liu étre conféré que par une faveur toute particulére. Car il
est natif fe Lou-tchoou-fou" aun centre du "Ngan-hoeï" et une
loi de l'Empire interdit de remplir les fonctions de mandarins dans la province
ou l'on est né. Or Ly Toutai augmente précisement son influence dans cette
dernière province par des achats de terrains considérables; le Kiang-sou lui
est en même temps devoué et il entretient de nombreurs arsenaux.
"Tseng-Kouo-fann" de son côté a acquis une grande puissance dans les
provinces du Ho-nan, du Hounan et du Houpeh. D'après les journaux de la
localité, où je prends d'ailleurs une portion de ces derniers détails le
Gouvernement central se serait alarmé de voir un si grand prestige de force et
d'autorité autour de ces deux functionaires. Haurait cherché à les sésunir et
n'y réussissant pas ou n'y réussissant qu'imparfaitement il se serait alors
efforcé d'amoindrer leur importance réelle tout en les comblant de titres
honorifiques. Ainsi, il avrait appelé "Tseng-kouo-fan" à Pékin pou y
remplir les fonctions de Ministre d'Etat et aurait offert le titre de
Généralissime des Armées Impériales a Ly Toutaï por l'enlever a Son Governement
de Kiang-nan. Ces journaus contennent d'ailleurs une peinture assez sombre de
la situation actuelle de l'Empire de la Chine et donneraient a penser que la
Dynastie actuelle est aus abois Je crois volontier qu'ils ont trop chargé le
tableau et je doute qu'ils soient toujours bien renseignés, mais comme il peut
se trouver quelque chose de vrai dans ce qu'ils disent je crois devoir
mentionner ce point à Vitre Excellence et j'ai l'honneur de lui envoyer à ce
sujet deux extrits du North China Dailly News que la manque de temps m'empêche
de traduire. Dans l'un d'entre eux il est question de préparatifs de Guerre qui
seraient faits par Ly Toutaï contre la France. La cause que l'on donne
d'ailleurs à ces intentions hostiles et qui serait des mécontentements donnés
par les missionnaires parait elle même peu fondée. Tout ce que je puis dire en
terminant c'est que j'entretiens avec les autorités chinoises de ma résidence
d'excellents raports. / .
Agréez
l'hommage du respect avec le quel j'ai l'honneur d'étre
Monsieur
le Ministre
de
Votre Excellence
le
très humble et très
obéissant
serviteir
Le Consul Géneral de
France, chargé pais. Interim du Consulat d'Espagne.
Son Excellence
Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères (de Estado) de Sa Magesté
Catholique &e &e &e
Madrid.